Le jour où ma mère a compris que les maux avaient un sens et pouvaient la guérir de l'intérieur

Ma mère est une personne qui a appris à écouter son corps, à l’époque où le symbolisme du corps n’était pas encore connu. Elle ne le fit pas par conviction idéologique, ni quête religieuse, simplement et comme beaucoup de ceux qui entament un chemin spirituel par nécessité de vie.

A 25 ans, on lui découvrit par hasard, à l’occasion d’une prise de sang une grave anémie. Après moult analyses, les médecins lui proposèrent un traitement de six mois nécessitant une hospitalisation. Cette jeune femme de 25 ans, qui n’était pas encore ma mère, se refusa à entrer dans le circuit de la maladie corporelle. Refuser de tomber malade, une drôle d’idée ! Qui peut bien refuser quelque chose que l’on ne choisit pas ? Toujours est-il que ce fut la première fois qu’en écoutant véritablement son corps, elle éprouva la méthode de soin qui désormais ne la quitterait plus, qu’elle m’a enseignée et que je transmets à mon tour dans ces pages.

Ce refus m’a toujours intrigué, questionné : comment l'esprit peut-il sortir ainsi, des sentiers battus, sans avoir eu au préalable ne serait-ce qu'un écho d'une alternative possible ? Je crois que cela s'appelle la survie, cette force si puissante de vie qui se manifeste chez les êtres soumis à un choix apparenté selon eux à la vie ou à la mort. Devenir une patiente chronique, hospitalisée passive, était pour ma mère synonyme de régression, de mort. Ayant été élevée par une mère malade, plaintive, sans vie psychique, elle avait alors le choix de la répétition ou de la liberté. Vivre malade, c'était mourir au nouveau, mourir à la création de son être, à cet être différent de sa propre mère.

Alors la vie, s’est manifestée fortement en elle, car elle avait fait ce choix si primordial : choisir l'inédit de la vie à la répétition morbide. Des choix comme celui-là, quand nous les assumons avec toutes les cellules de notre corps, nous donnent un élan de vie incommensurable. Ils transforment l'être que nous étions et lui offrent un trésor. Le trésor qu'a reçu ma mère, était cet éclairage sur sa capacité à se soigner en décidant de sa vie. Elle a compris que la vie lui avait envoyé un message, un signe. Soit elle répétait sa vie passée et au-delà celle de sa mère en y perdant toute forme d'énergie de vie, ce qui se traduisait corporellement par l'anémie.

L’anémie est un épuisement physique dû à une perte d'hémoglobine, élément du sang permettant de transporter l'oxygène. Ainsi, si elle continuait ce chemin de vie, elle ne pouvait plus s'alimenter en oxygène, elle se privait de sa respiration.

En devenant une femme nouvelle, en laissant derrière elle la fidélité à une mère malade, elle put à nouveau en quelques semaines régénérer ces cellules et reprendre de l’énergie de vie. Ce choix avait autant agi sur ces cellules, que sur sa renaissance psychique. Par la maladie, son corps lui a permis de se transformer bien au-delà d'une simple guérison du corps.

Riche de cette découverte, de ce parallélisme étonnant et si puissant du corps et de l’esprit, elle apprit ensuite avec l’expérience, au gré des signes que lui offrait son corps comment se soigner. Parce qu'elle avait la confiance en la vie elle osa écouter son corps comme un guide, une manifestation de la vérité universelle. C'est ainsi, qu'est née pour elle une nouvelle relation avec son corps en dehors des repères médicaux classiques.

(extrait du livre LE CORPS POSITIF)