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Thérapies, soins: magiques au début puis de moins en moins

Avez-vous déjà vécu ce moment où une thérapie, une méthode de soins qui vous procurait tellement de bien-être, de soulagement pendant les premières séances devient de plus en plus inefficace? Alors que faire changer de thérapeute? de méthode (il en existe tant)? ou découvrir une autre voie?Témoignages: “Avant quand j’allais voir cet ostéopathe, c’était super, maintenant cela ne me fait plus rien, alors je vais en voir un autre”.
“Au début des soins de shiatsu, je me sentais vraiment bien, mes douleurs avaient disparues, mais au bout d’un moment, quand je ressortais de la séance, j’avais encore plus de douleurs.”

“Les premiers massages que j’ai fait avec elle, un délice, une merveille, maintenant je dois m’être habitué, cela me fait moins d’effet.”

“C’est toujours comme cela, au début quand je commence une nouvelle thérapie ou activité comme le yoga ou le qi gong, cela me fait beaucoup de bien, mais après plus rien, alors je change.”

Ces témoignages sont assez rares pour nous thérapeutes, praticiens, car les “consultants” n’osent pas souvent les exprimer directement à la personne concernée. Et pourtant, indirectement j’en entends beaucoup, quand j’interroge sur le parcours de soins d’une personne. Beaucoup de changement de thérapeutes, beaucoup de déception après un grand enjouement, de ré-orientation. En bref, une histoire qui recommence sans cesse, à la recherche de la personne qui enfin pourra me soigner, à la recherche du messi, du thérapeute idéal, ...

Et pourtant, est ce la recherche du thérapeute idéal ou une quête intérieure à la recherche de la source de notre propre processus pathologique?

Je le sens quand une personne met fin à sa thérapie, ou à ses soins avec moi pour cette raison, je le sens quand elle se dit “au début c’était bien, mais maintenant j’ai besoin d’autres choses, cela ne me fait plus d’effet”. Alors, je ressens une certaine déception à ce que cela ne soit souvent pas complètement exprimé, pas complètement partagé. Non, que je veuille faire de la rétention de patients, mais parce que là (à ce point précis) commence la véritable travail intérieur. Quelque part, c’est quand l’effet magique se termine que tout commence vraiment. C’est au moment là, où je ne peux plus satisfaire au besoin extérieur de la personne qui me consulte, que je peux véritablement l’accompagner dans son travail intérieur.

Alors quelle joie pour moi quand une personne vient à une séance en ayant suffisamment confiance en moi, pour me livrer ses ressentis négatifs sur la séance dernière. Elle me raconte donc qu’après la séance (de Corps Positif+ massage) ses douleurs au lieu de disparaître ont augmentées durant 2 jours. Bon, ensemble nous interrogeons la cause de cette montée en douleur, quand elle réalise que c’est une chose qu’elle connaît bien, qu’elle a vécu avec la praticienne qui m’a précédée et encore avec celle d’avant,... Alors commence le travail. Alors nous pouvons interroger la cause véritable de la douleur, et remonter le fil du processus douloureux. Nous interrogeons la douleur mais aussi et surtout quel rôles les thérapies ont jouées dans cette histoire. Comment ont-elles soulagés la douleur un temps avant de ne plus pouvoir l’atteindre, de devenir inefficace voire nuisibles. Sont-ils coupables, ces thérapeutes, si parfait au début? Peut-être dans certains cas (il n’est pas à exclure toute la responsabilité du praticien), mais dans la majorité des cas, leur pratiques n’ont pas évolués entre le moment où cela crée du soulagement et le moment où cela ne crée plus rien. Dans le cas présent, les séances ont donnés de très bons effets pendant plusieurs mois avant de devenir aujourd’hui inefficace, voire amplificateur de douleurs. Alors si le thérapeute n’a pas changé, si sa méthode est identique, qu’est ce qui a changé?

Au début, d’une thérapie, il y a la rencontre entre un personne en demande, et une personne en position d’apporter à l’autre ce dont il a besoin. La personne en demande est alors prise en main, se sent comme portée par cette nouvelle relation bienveillante. Enfin, quelqu’un va prendre soin d’elle, que ce soit par l’écoute ou des soins corporels. Or, souvent il y a en nous une faille, un manque, une solitude, un abandon. Cette nouvelle relation est comme une illusion que cette souffrance va disparaître, que notre besoin d’amour (au sens large du terme) va être combler et va réparer nos douleurs physiques et/ou psychiques. Cette personne dévouée pour s’occuper de nous, va nous réparer. ... Mais le thérapeute n’est pas la racine du manque, il n’est pas à l’origine de notre souffrance, il ne peut donc pas colmater la brèche, il n’est pas la mère qui n’a pas montré son affection, il n’est pas le mari qui nous a blessé, il n’est pas le père absent. Il est l’oreille qui nous écoute, les mains qui nous touchent, ...Un temps, l’illusion demeure, la relation bienveillante nourrit, elle donne de l’amour, de la protection, mais elle n’est qu’une miette face au vide. Alors un jour, brutalement ou petit à petit l’illusion tombe, le masque du “thérapeute-messi” fantasmé se craquelle et l’on se retrouve seul face au vide qui se révèle à nous, en nous car dans la relation thérapeutique nous ne protégeons pas. Cette relation thérapeutique où tout repose sur la confiance, l’on se raconte, où l’on se montre à nu, ce qui nous permet de plonger dans des sensations et des émotions intimes et profondes.

C’est donc à ce moment-là que tout peut commencer, quand la confiance permet de plonger dans des choses “que je n’avais jamais dite avant”, de faire des liens “que je n’avais jamais vu sous cet angle” et surtout quand cesse l’illusion que le thérapeute va tout combler en moi. C’est ainsi que commence le travail intérieur, le travail intime et profond, responsable et constructif. Le travail où la réponse à mes attentes n’est plus projetée à l’extérieur de moi mais recherchée à l’intérieur de moi, là où réside la source réelle et vivante de mes manques, de mes douleurs, de mon handicap, de mes troubles. A l’intérieur de moi où réside donc également le potentiel de ma guérison intime.

Sommes-nous tous comme cela? Non, certains ne vivent pas les choses de cette manière là. Mais j’observe si souvent ses comportements que si cela réveille en vous une sensation de déjà-vu, osez ouvrir cette voie vers l’intérieur. Il est si fréquent de voir plusieurs thérapeutes pour un même trouble, en même temps ou successivement, de visiter une méthode de soin, puis une autre et encore une autre en quête de celle qui fera un miracle. Souvent, la responsabilité en est uniquement imputée au seul praticien, parfois c’est le patient qui se culpabilise en se disant que l’on est pas normal, que sur lui rien ne marche (sur la durée)...

Et pourtant tout est là. Derrière l’illusion que la solution est en l’autre, se trouve en moi la réponse à toutes mes questions, à tous mes manques, à toutes mes souffrances corporelles, le thérapeute me tient alors la main pour plonger dans cet intime qui fait peur.(article de fev 2018)